Alors là vous êtes probablement en train de vous dire que j’ai perdu les pédales et que quelque chose ne tourne pas rond. Non je vous rassure tout de suite ça va très bien mais je vous repose la question : « avez-vous des madeleines à déclarer? »
Madeleines ? Qu’est-ce que ce nom évoque pour moi ? Les bons gâteaux de grand-mère … le nom d’une des meilleures amies de mes parents qui m’a emmenée aux sports d’hiver quand j’avais trois ans … La chanson de Brel … Pleurer comme une madeleine … et vous ça évoque quoi MADELEINE … ?
MADELEINES , MADELEINES… C’EST QUOI POUR VOUS ?
Je crois que certains ont peut-être déjà trouvé … Oui ? Non ?
Mais oui il s’agit de la fameuse madeleine de Proust
(vous savez celui qui écrivait des phares interminables et qui était parti à la recherche du temps perdu – bon j’avoue que je ne suis pas une grande fan de cet auteur même si c’est tout de même un monument de la littérature française)
ALORS QUEL EST LE RAPPORT ENTRE LA MADELEINE ET VOUS ?
Bon, vous donnez votre langue au chat … qui va se régaler de la petite madeleine, ahahah !
Pour ceux qui ne connaissent pas l’expression voilà le grand Proust qui parle de sa madeleine …
« Et tout d’un coup le souvenir m’est apparu. Ce goût, c’était celui du petit morceau de madeleine que le dimanche matin à Combray (parce que ce jour-là je ne sortais pas avant l’heure de la messe), quand j’allais lui dire bonjour dans sa chambre, ma tante Léonie m’offrait après l’avoir trempé dans son infusion de thé ou de tilleul ». – Marcel Proust, À la recherche du temps perdu, Du côté de chez Swann, 1913.
D’où l’expression « la madeleine de Proust » qui est passée dans le langage courant et désigne
« Un micro-évènement qui fait ressurgir des souvenirs de jeunesse ou du passé ou un acte mineur porteur d’une forte charge émotionnelle »
Donc, je présume que vous commencez à comprendre.
Les madeleines sont des souvenirs que nous avons enfouis et qui resurgissent quand quelque chose (ou quelqu’un) les réactivent.
Il y a des madeleine positives comme Proust qui se rappelle avec délice les gâteaux de sa tante à Combay et des madeleines négatives qui sont liés à des évènements désagréables, éprouvants, douloureux, honteux et culpabilisants
La madeleine reste parfois totalement enfouie dans les méandres de notre inconscient tout en agissant à notre insu car il suffit souvent d’une odeur, d’un air de musique, d’un visage … pour que ce mauvais souvenir soit RÉACTIVÉ sans que nous nous en rendions compte
DES EXEMPLES JUNG, DES EXEMPLES SINON PERSONNE NE VA COMPRENDRE
MA SUPER MADELEINE POSITIVE
J’ai 3 ans (1947) et nous venons d’emménager à Bry-sur-Marne. La fin de la guerre est encore très proche et pour la messe de Minuit, l’Eglise est complètement pleine.
Nous sommes debout ma mère et moi quand soudain une femme passe devant nous en laissant un sillon de parfum qui m’entre avec ravissement dans les narines.
Nous rentrons à la maison et je découvre un magnifique sapin et , miracle, le Père Noël était passé. C’est le plus beau Noël dont je le souvienne.
J’ai 25/26 ans et un jour dans un magasin je retrouve ce parfum de mon enfance.
Pas question de le laisser partir et la femme au parfum me dit : « c’est SHALIMAR »de Guerlain.
Shalimar et moi faisons équipe depuis lors (c’est ma plus longue histoire d’amour !) et j’avoue que chaque pschitt pschitt de ce parfum me replonge avec délice dans ces souvenirs heureux (ma madeleine positive comme Proust)
MA SUPER MADELEINE NÉGATIVE
Jusqu’à 40 ans je n’avais jamais eu d’amie BRUNE et je mettais ça sur le dos d’une grande amie à moi (enfin je la considérais comme telle) qui s’était prise aussi d’une super grande amitié avec mon mari. Vous voyez ce que je veux dire … et elle était BRUNE
Et sans m’en rendre compte, j’allais automatiquement vers des relations amicales blondes ou rousses mais c’est seulement en psychanalyse que j’ai découvert l’histoire des brunes …
Chaque brune qui croisait mon chemin était aussitôt cataloguée :
« à mettre de côté, faux-jetonne, menteuse, fourbe, traitresse … » j’en passe et des meilleurs«
CEPENDANT … UNE BRUNE PEUT EN CACHER UNE AUTRE
Au cours d’une de mes formations, je découvre que les madeleines portent un nom bien spécifique en PNL/HYPNOSE et que, quel que soit le nom donné à la chose, nous les trimballons souvent sans même nous en rendre compte
Et que les brunes se rassurent j’ai fait la paix avec elles car deux de mes meilleures amies sont … brunes
Avez-vous conscience de vos petites madeleines et si oui quelles sont-elles et que vous évoquent-elles ?
Si vous ne trouvez pas de madeleines pas de problème, pensez aux parfums, boissons, odeurs, petits gâteaux, aliments dont vous raffolez.
Prenez votre temps, sont-ils liés à quelque chose ou quelqu’un ?
Et là je ne résiste pas au plaisir de vous faire écouter le grand Jacques et « Madeleine »
Sur mon autre blog Les Chemins de l’Intuition
Bonjour Sylviane,
Quel article frais et touchant… Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il va rejoindre des tas de recoins de nous-même. Les illustrations de Proust, du parfum qui nous ramène à Patrick Süskind, de Brel sont déjà des invitations au voyage vers le pays des souvenirs !
J’aurais mille histoires à partager, mais celle qui m’est venue spontanément en lisant ton article, c’est le souvenir de l’Afrique qu’a fait remonter en moi un passage dans un restaurant haïtien de mon village (au Québec !) qui sert des bananes plantains grillées (tu vois, rien de bien original !!!). La première fois que j’en ai mangé dans ce restaurant, mes yeux ont plongé dans l’eau parce que retrouvais une saveur africaine si connue et tout d’un coup, je me retrouvais sur ce continent qui m’a vue naître et que j’ai quitté à nouveau il y a preque 11 ans…
Une émotion très forte et très profonde, mais aussi très belle, juste par la saveur d’une banane frite !
A bientôt pour tout un bouquin de souvenirs du genre.
Merci, Sylviane !
Bonjour Sylviane,
Merci pour cet article sucré.
Je souhaite à tout le monde de vivre le délicieux instant de la réminiscence.
Vous êtes tranquille, vous êtes dans autre chose et monte doucement, fortement le souvenir. L’envahissement va vous secouer comme une vague d’énergie.
Lors d’une agréable réunion de famille, chez ma belle-sœur, j’étais entrain de parler lorsque mon regard s’est arrêté sur un motif devant moi. Sa familiarité m’a totalement submergée, stoppant net mon discours.
« C’est ma poupée ! »
5 ans, je retrouvais la poupée de mes 5 ans et tous les souvenirs allant avec. Bonheur, joie, confusion.
J’avais reconnu sa robe, les motifs de sa robe.
« Tu la veux ? Emmène-là ! »
Nul besoin, c’est la bouffée de souvenirs qui a été bon.
Attention effectivement aux souvenirs douloureux voire traumatisants. Ils reviennent de la même manière et sont souvent censurés par l’inconscient ou les mécanismes de défenses. Ils n’arrivent pas au Conscient. Seuls la souffrance et le mal-être envahissent la psyché. Ce sont des blessures psychiques ou bleus à l’âme relevant de la psychothérapie et de l’EMDR.
Mal-être et souffrance ne sont pas une fatalité. Des solutions existent afin d’accéder au chemin de la réalisation de soi.
Salut Sylviane,
Nos madeleines évoluent aussi dans le temps.
Il y a ces événements dont nous nous souvenions il y a dix ans et qui nous laissaient indifférents et que nous ressentons aujourd’hui comme étant des bons…ou des mauvais…souvenirs.
Sans doute tout simplement parce que le temps passe et que nos émotions s’affinent, ou s’affirment.
Je me souviens de chansons que je détestais à l’époque et que j’aime entendre maintenant parce qu’elles sont liées au passé, à ma jeunesse, à des périodes qui inspirent une certaines nostalgie (tiens, c’est justement ma chaîne radio favorite, et exclusive d’ailleurs).
Par contre une madeleine dont je suis amoureux depuis 40 ans c’est justement celle du grand Jacques!
Et lui, contrairement à nous, il n’a pas eu de chance.
Nous, on a la sienne et lui il l’attend encore….pour aller manger des frites chez Eugène.
@
Bonjour Sylviane,
Madeleine, madeleine, biscuits moelleux et tendre. La langue de chat est aussi un biscuit que j’adorais, je ne sais pas si ca existe encore mangeant moins de biscuits.
Mes madeleines : les pots de confitures en haut de l’armoire de ma grand-mère, ses piles de linge bien rangées sentant bon la lavande dans cette même armoire. Tout ces souvenirs me reviennent et…j’ai cette fameuse armoire dans ma chambre, sacrée madeleine qui me suis partout au gré de mes bifurcations.
Et cette sacrée madeleine prend de la place, jusqu’à avoir choisi un appartement en 1999 (au bout de 3 mois de recherche je commençais à désespérer) qui avait un gout de je ne sais quoi mais qui ressemblait un peu à l’ambiance intérieur de l’appartement de…ma grand-mère ou j’ai passé certains moments heureux de ma jeunesse.
Les mauvaises madeleines : elles sont nombreuses mais comme je n’aime pas ce qui est rassis, je les laisse de côté. Elles me rappelle seulement tout le chemin parcouru et ce qu’il ne faut pas oublier dans l’amour de son entourage et de soi.
Les bonnes madeleines sont plus nombreuses que l’on ne croit au final.
Bonjour Sylviane,
Je suis contente que tu aies fait la paix avec les brunes!
Moi j’avais aussi une madeleine négative…les femmes en général!
Je n’étais pas regardante de la couleur de leurs cheveux.
Aujourd’hui j’ai fait la paix avec elles, il vaut mieux sinon
j’étais coupée de la moitié de l’humanité!
Bonjour Sylviane,
C’est vrai que particulièrement des odeurs peuvent réveiller des souvenirs heureux ou malheureux oubliés.
Des musiques ou des chansons me font aussi comme beaucoup, je pense, le même effet, quand elles nous ont accompagnés dans des moments importants de notre vie.
À l’instant, je n’ai pas de souvenir de ce genre dont je me rappelle….
Bien amicalement,
Christine
Bonjour Sylviane
Très joli article ! Truculent, le titre m’a tout de suite fait sourire.
Moi mes madeleines, elles sont très parfumées, à mon enfance au Maroc, il suffit que je sente l’odeur du jasmin, de la rose, de la fleur d’oranger et hop je fais un bond, j’ai 6 ans et je suis dans ma ville natale, à Fes ! Que du bonheur et de la joie de vivre.
C’est très joli de partager vos souvenirs, je vous imagine ravie devant ce beau sapin …
Bien à vous