Aujourd’hui, je suis heureuse de vous présenter l’article invité d’une personne qui raconte avec beaucoup d’authenticité et d’humilité son histoire, une histoire qui sans aucun doute aura une résonance très forte avec la plupart d’entre vous et qui m’a rappelé mon propre parcours car, vous ne pourrez jamais transformer votre vie si vous ne faites pas la paix avec votre passé. Voici donc le récit de Paul et de son combat pour (re)trouver sa légende personnelle.
Mon passé
La vie n’est pas toujours celle que l’on croit s’imaginer devenir quand on est encore qu’un enfant. On idéalise le monde, ses copains, ses parents. Moi, à cinq ans, j’ai cessé d’idéaliser mon père, puis à 18 ans ma mère. Ils sont tombés de leur piédestal de parents pour devenir mes géniteurs. Oui, c’est dur à lire ce que je vous écris-là, mais ce le fut encore plus pour moi de le vivre.
Mon enfance ne fut donc pas un doux rêve, mais je veux pourtant en garder les rares bons moments. Des moments où mon père m’emmenait sur les chantiers de construction voir les grues que j’admirais énormément pour leur imposant cou de girafe et leur bec rectiligne qui soulevaient des charges monumentales pour édifier vers le ciel une tour en béton grise et impersonnelle, comme le fut mon adolescence.
Les moments où ma mère était forte pour me protéger d’un père violent envers moi, mais envers elle aussi. Une femme qui ne reculait pas devant l’adversité. Pleine de courage, elle se battait chaque jour pour me donner une vie “normale” en allant travailler à la chaîne à l’usine.
Mais les moments difficiles marquent les personnes d’une trace indélébile sur leur visage et dans leur cœur. Alors le temps devient un baume qui cicatrise les plaies, mais à condition qu’on y touche pas plus que quelqu’un d’autre n’y toucherait. Auquel cas, elles resteront fragiles, mal guéries, provocant de nouveau, les mêmes conséquences pour les mêmes causes.
Tel fut ce qui arriva à mes parents, mais aussi au fruit de leur amour éphémère. L’enfant meurtri grandit. À l’adolescence, il vivait avec une haine viscérale envers l’homme qui voulait faire de lui un grand homme… mais bien trop rapidement pour son jeune âge. Une haine entretenue par une mère enragée qu’il nous ait abandonnée, sans jamais nous aider.
Puis le temps passa encore, et l’adolescent abandonna sa haine lorsqu’il a revu son père qui l’accueillit, peut-être pour la première fois après sept années d’années d’absence, comme un père aimant.Pourtant, malgré ses gestes d’affection maladroits, quelque chose était cassé, quelque chose qu’il ne réussira jamais à reconstruire malgré les années qui se succéderont par la suite.
Arriva ensuite très vite, l’âge adulte, et épris de celle qui deviendra bientôt, la femme de sa vie, il ouvrit les yeux sur une mère qui voulait rester, elle, la femme de sa vie. Son cœur se brisera donc une nouvelle fois avec violence, car avec violence, la femme qui l’avait protégé jusqu’ici, était une femme qui n’avait jamais accepté son passé et pansé ses blessures… Son seul amour s’était envolé et ne reviendrait jamais plus… Jamais, elle ne l’acceptera.
Puis arriva le plus beau jour de ma vie, la naissance de mon fils. L’enfant béni des cieux, échappé de près de la mort car sa jeune maman faillit perdre la vie pour la lui donner un jour de premier janvier 2000.
Mais ce jour signera pourtant bien ma propre mort, car cette vie était la mienne…jusqu’à ce jour. Une vie où les bouleversements physiques avaient fait de moi un drôle de personnage apeuré, en manque de confiance, avec une faible estime de moi. J’étais un homme fragile, marqué par un bégaiement chronique en période de stress, qui me rendait même sauvage envers les autres.
J’étais en colère envers le système, mes supérieurs hiérarchiques, je détestais l’autorité. J’avais une haine viscérale envers les riches, car j’avais du mal à boucler mes fins de mois.
J’étais angoissé, perdu dans mes pensées, j’étais dépassé. Le passé me ressassait sans cesse les caresses oubliées de la main qui m’avait frappé. Et puis cette main était presque devenu la mienne, héritage physique et psychique de mon patrimoine familial. La main qui portait, caressait, nettoyait, nourrissait mon enfant failli devenir, à mon grand désespoir, la main qui voulait aussi le frapper.
Pourquoi ? Parce que je voulais à mon tour qu’il soit parfait pour devenir un grand homme.
Amour, stupeur, colère, haine et culpabilité devinrent alors mes compagnons quotidiens qui tourbillonnaient sans cesse dans mon cœur comme des ouragans.
J’étais épuisé, désorienté. J’avais perdu le sens de ma vie. J’allais droit au mur, je voyais mon avenir s’assombrir. Un avenir qui se rapprochait de plus en plus de celui de mes parents, moi qui avais juré devant Dieu de ne jamais refaire les mêmes erreurs. Ne jamais devenir mon père.
Je sentais ce monstre du passé envahir toute ma tête lorsque j’étais seul en présence de mon joyau, du plus beau cadeau de ma vie. Il s’insinuait en moi jusqu’au moindre millimètre carré de chaire. La bête était là, présente et incontrôlable. Une lutte effroyable se jouait en moi. J’étais inconsciemment à l’affût du moindre geste ou attitude imparfaite de sa part qui déclencherait en moi le geste fatidique. Lorsqu’il ne voulait plus manger, la pression était trop forte, tour mon corps était tendu. Je ne voyais en lui que de la provocation, de l’insolence, alors qu’il avait un an à peine.
Mais, je souffrais tellement de ce qui se passait, de ce qui se jouait, que se fut, au final, des mots emplis de colère qui sortirent de ma bouche. Des mots qui le firent pleurer et hurler de peur… Ces petits bras levés vers moi finirent par me contraindre à reprendre le contrôle de mon corps. À le serrer dans mes bras pour finalement le consoler et pleurer avec lui…
Je ne voulais pas devenir le monstre qui était en moi, mais je devais me résigner à accepter qu’il était pourtant bien là et cela pour l’amour de mon enfant.
J’entrepris à ce moment-là, de chercher les moyens pour comprendre qui j’étais vraiment et comment devenir le père et le mari que j’avais toujours rêvé d’être.
Pour cela, j’ai eu un suivi médical, mais ce n’était pas suffisant et surtout pas efficace alors j’ai entrepris le voyage qui sera jusqu’à la fin de ma vie, le plus beau de tous.
Un voyage à travers mon âme, à travers mes souffrances.
Un voyage qui ne se terminera jamais, mais que j’aurai au moins entrepris avec la besoin vital d’aller le plus loin possible. Néanmoins, je ne savais pas que ce plus loin possible allait m’emmener vers des contrées difficiles et obscures, mais qui finiraient par me laisser entrevoir tout au fond du chemin, la paix.
Une volonté farouche s’empara de moi, une volonté de me connaître, de sonder mon âme, d’écouter cet ami prendre soin de moi et que je n’écoutais que trop rarement, ou mal.
Mais alors comment allais-je faire pour pouvoir reprendre le pouvoir sur ma vie ?
En cherchant tout simplement. J’avais une telle soif de vérité que j’ai entrepris des recherches tel Indiana Jones à la quête du Graal. Moi, je partais à la quête de mon Graal intérieur, car c’est tout simplement cela le Graal : être soi-même et accomplir en réalisant sa nature profonde.
On a tant cherché à l’extérieur ce qui se trouvait simplement au fond de nous. On cherche tellement à voyager dans des pays exotiques pour se réaliser alors que c’est dans la vie qu’on mène, dans ses épreuves et difficultés que l’on se réalise.
Dans mon parcours, à travers des livres, des enseignements, de l’introspection, cinq notions de vie importantes en sont ressorties pour me permettre de me réaliser afin d’accepter mon passé pour m’aider à aller vers l’avenir. Ces principes de vie m’ont permis de mieux me connaître, mais ce fut avec beaucoup de difficultés et de mises à l’épreuve que cela s’est fait…
Le blog de Paul : L’ARBRE À BIEN ÊTRE
Bien, nous découvrirons dans le prochain article comment Paul a finalement fait la paix avec lui-même en surmontant les peines et blessures du passé. Comment et avec quels outils il a pu transmuter sa douleur en diamant parce que c’est ce qui arrive quand vous comprenez que vous ne pourrez jamais changer votre passé mais … vous pourrez changer votre regard sur lui.
C’est là toute la différence CAR chaque peine, chaque souffrance peuvent devenir des richesses, des forces car comme disait Nietzsche : « Ce qui ne me tue pas me rend plus fort »
Quelques citations du Grand Carl Gustav qui résument cet article :
« Votre vision devient claire lorsque vous pouvez regarder dans votre cœur. Celui qui regarde à l’extérieur de soi ne fait que rêver ; celui qui regarde en soi se réveille. »
« On ne peut voir la lumière sans l’ombre, on ne peut percevoir le silence sans le bruit, on ne peut atteindre la sagesse sans la folie »
« Ce à quoi vous résistez persiste » et « On ne saurait changer ce qu’on n’accepte pas »
« Ce n’est pas en regardant la lumière qu’on devient lumineux, mais en plongeant dans son obscurité. Mais ce travail est souvent désagréable, donc impopulaire. »
Carl Gustav Jung
Bonjour, très bon article, je suis d’accord avec vous!
Notre passé doit être une force et non un poids !
Romain
Absolument Romain notre passé est une force à la seule condition de savoir tirer parti de nos douleurs et de notre mal de vivre. La vie est une école et nous apprendrons jusqu’à notre dernier souffle et regarder le passé n’amène que frustration